Haut lieu du commerce castelroussin, les halles ont marqué l’histoire du centre-ville de Châteauroux durant plusieurs siècles. Qu’on y vienne pour s’approvisionner en produits frais, se balader le samedi matin ou flâner entre les étals des commerçants, chaque famille a des souvenirs à partager. Voici l’histoire des halles de Châteauroux.

Les anciennes halles en bois

Dès le XVIIème siècle, l’actuelle place Monestier (ancienne place des Halles, des denrées, Saint André, de la Révolution, du marché, de l’Hôtel de ville) est déjà le théâtre des marchands et des marchandises variées que l’on cultive et façonne dans le bas-Berry. C’est à la fin du XVIIIème siècle, que l’histoire des halles en bois va prendre un tournant. Elles sont jugées de trop petites dimensions pour y accueillir des marchands toujours plus nombreux. La fragilité de l’édifice ne peut plus être dissimulée, puisque la poutre principale qui supporte alors la charpente du coté des boucheries se révèle en très mauvais état et menace de s’effondrer. En 1797, la décision est prise de démolir celles qu’on nomme les premières halles de Châteauroux. Les opérations sont lancées, le 1er janvier 1798, les poutres sont enlevées unes à unes jusqu’à la disparition totale de l’édifice. Les arcades qui entourent alors la place de l’Hôtel de ville sont divisées en petites boutiques et louées par la ville aux commerçants désireux de s’y installer.  

Des halles décagonales

En 1834, l’idée d’un projet de halles monumentales est lancée par le dénommé Charles Grillon de Villeclair, ancien maire de Châteauroux. Il souhaite redynamiser ce quartier et ainsi donner du sens à cette place de l’Hôtel de ville. Cette dernière souffre de la concurrence de belles constructions dans les rues adjacentes dont l’image est redorée avec l’arrivée du théâtre Saint-Cyran. Ce sont finalement des halles métalliques décagonales qui voient le jour durant l’année 1877. La forme à dix cotés est originale, comme le démontre le plan ci-dessous. Ces nouvelles halles possèdent une armature métallique : un matériau plus léger et plus durable que le bois. Mais elles se montrent très vite étroites et peu pratiques pour les commerçants qui sont régulièrement soumis aux intempéries, mais aussi au vent les jours de marché. Sa forme est vivement décriée, elle est jugée peu harmonieuse avec l’alignement de la place.

Des halles de style Baltard

Il est très vite envisagé de construire des halles plus fonctionnelles en conservant le métal pour la structure principale. Un projet est imaginé par l’architecte Camille Létang. Issoldunois de naissance, formé à l’école d’architecture de Paris, il retrouve le département de l’Indre en 1881. Nommé architecte de Châteauroux, il entreprend des projets ambitieux pour la ville comme l’école des garçons des marins, la rénovation du théâtre, puis de nouvelles halles. Neuf ans après son retour, il imagine des halles couvertes à double pavillons dans le style de celles de Baltard à Paris. Son projet se compose de deux halles, d’un coté et de l’autre de la rue Grande. À cette époque, les finances de la ville ne permettent pas de supporter un tel projet. Seul un pavillon est construit en 1894, il sera couvert et fermé. L’objectif est alors de proposer un plus grand confort aux commerçants qui agrandissent leur espace de vente et améliorent l’hygiène de leurs étals. 

Sous les Halles, marchands de gibiers, de volailles et autres produits fermiers, jardiniers venus du Rochat ou de la Bourie, jouxtent les bouchers, les charcutiers, les tripiers et marchands de marée. Le Service des places et marchés est chargé de surveiller le bon déroulement des ventes. Il perçoit le droit des places auprès des commerçants, y compris ceux installés dehors. Malgré le franc succès des halles Baltard, les projets de modernisation de la ville imposent leur démolition en 1979. Le pavillon métallique est démonté en quelques semaines. Les pièces de la charpente, ainsi que les morceaux de murs seront vendus en matériaux de récupération. Avec la destruction des halles, c’est tout un quartier qui est repensé et réaménager pour un nouveau style architectural plus contemporain. En lieu et place des halles métalliques, un trou béant est creusé sur la place pour établir les fondations des nouvelles constructions. C’est un spectacle de désolation pour les castelroussins déjà nostalgiques du pavillon Baltard, mais bientôt une nouvelle structure va faire son apparition.

Des halles plus modernes

Le 4 septembre 1981, le nouvel îlot de la ZAC du marché est inauguré. Il se compose de logements, de bureaux, d’un parking sous-terrain et des célèbres « Scarletts » : cinémas situés à l’étage. Face aux halles, qui ont été installées au rez-de-chaussée, une place piétonne est aménagée à l’emplacement des anciennes halles Baltard. Plus modernes, ces halles nouvelle génération accueillent chaque jour de nombreux clients qui se plaisent à flâner d’un étal à l’autre. 

les halles de chateauroux 2020

Un lieu de partage

Depuis plus de deux siècles, les halles apparaissent comme un lieu incontournable d’échanges et de commerce du centre-ville de Châteauroux. L’attachement des castelroussins pour ce lieu emblématique n’est plus à prouver. Il suffit de se balader sur la place Monestier, entre l’ilot des halles et la place de la République, pour observer chaque samedi matin le bal des commerçants et des clients. Ces derniers remplissent avec bonheur leur panier de produits frais, de qualité, issus majoritairement de l’agriculture locale et française. 

Crédit photo : Ville de Châteauroux