C’est sur un échafaudage installé sur le mur de la maternelle Victor Hugo de Beaulieu que nous rencontrons Morgan Collin alias Eskimo, une bombe de peinture à la main. Nous sommes venues découvrir le projet qu’il réalise pour la ville de Châteauroux.

UN ARTISTE DANS LA RUE

Morgan est graffeur, les murs de la rue sont ses tableaux et ses pinceaux des bombes de peinture. Il a commencé cette activité peu commune sous les ponts de Belle-Isle, où la ville de Châteauroux a mis à disposition des murs d’expressions. « Tout le monde peut y œuvrer à partir du moment où l’on ne crée pas de troubles » explique t-il. C’est d’ailleurs en voyant un autre graffeur s’adonner à cette pratique, qu’il décide à son tour d’utiliser cet art urbain comme moyen d’expression : « je l’ai vu peindre sur ces murs, et je me suis dit : moi aussi je peux le faire ».

Il continue de s’y exprimer pour le plaisir, la recherche graphique et aussi pour tester de nouvelles techniques. Aujourd’hui, son travail est reconnu : il a réussi à faire de cette passion un métier. Il travaille beaucoup avec les écoles et les centres de loisirs où il redécore avec les enfants les espaces de vie et les préaux. Il réalise aussi des tableaux et fait de la customisation. Sa principale activité reste le graffiti sur murs.

UN GRAFFITI POUR LA PAIX

Ici, c’est une commande de la ville de Châteauroux via le conseil de grand quartier de Beaulieu : un projet en préparation depuis plusieurs mois. Son objectif, transmettre une promesse de paix, pour ici, pour ailleurs et surtout, pour tous.

Graff-chateauroux
 Initialement il devait être réalisé sur un mode participatif avec les écoles de Beaulieu et ses habitants. Malheureusement le travail sur les échafaudages présente des risques trop grands. C’est donc Morgan, seul, qui dessine, peint et bombe sous nos regards admiratifs.

Les enfants sont tout de même mis à contribution. Ils ont choisi le thème, le champ lexical comme nous dit Morgan, pour lui permettre de trouver les mots qui la constitueront. On peut y trouver par exemple rencontres, bonheur ou encore partage. Des mots qui nous parlent. On y voit également les couleurs bleues, blanches et rouges pour nos valeurs communes, un cercle distinct pour l’union et enfin une colombe blanche. Aucun doute, ici on prône la paix.

DU PAPIER À LA RÉALITÉ

Pour réaliser ce projet de grande ampleur Eskimo est parti d’une feuille A4. Contrairement à ses projets habituels, la taille de la fresque et les échafaudages ne lui permettant pas de prendre du recul sur son graffiti, il a dû faire un pré-travail sur le mur à l’aide de photos et de croquis numérisés. Il a ensuite dessiné un grand brouillon constitué du cercle et de symboles blancs pour prendre des repères et positionner la colombe. Enfin il a tracé les lignes blanches pour écrire les mots de façon régulière. Cette première partie du travail est ensuite recouverte par le graffiti final. Nous avons été très impressionnés par la complexité du travail fourni, Morgan fait preuve ici de beaucoup d’ingéniosité. 

eskimo tap graff chateauroux

« Faire un graffiti, c’est devenu une habitude. Le plus dur est de respecter les proportions ».

Son seul outil : la bombe de peinture. Il lui aura fallu 2 jours et demi de travail pour réaliser cette fresque. Grâce à son expérience et la finesse de ses gestes, les coups de bombes sont à peine perceptibles. Nous sommes très loin de l’image, souvent négative, que nous nous faisons du graffiti. Ici pas de vandalisme, seulement de l’art.

L’ART COMME OUTIL PÉDAGOGIQUE

Ce sont les valeurs qu’il espère enseigner aux enfants. Et pour cela rien de mieux que la pratique. Ils n’ont peut-être pas pu participer à l’élaboration de la fresque, mais Morgan ne les oublie pas. En effet, il a pour projet de passer dans les écoles pour leur expliquer son travail et aussi pour œuvrer avec eux.

« J’aimerais proposer de la customisation ou la repeinte d’un mur. Il y a du matériel et du temps de prévu pour cela !  Cela permettrait de dédramatiser le street art et d’expliquer l’intérêt du graffiti et ses risques pour qu’il n’y ait pas de déviance. »

C’est donc un travail artistique et aussi pédagogique que Morgan Collin envisage.

ET APRÈS ?

Pour l’instant, aucune inauguration n’est prévue, mais pourquoi pas… : « cela pourrait être une bonne idée » nous dit Morgan. Rien de mieux pour rendre visible cet art des rues, si peu reconnu. En attendant vous pouvez toujours voir sa fresque, sur le mur de l’école maternelle Victor Hugo au 7 rue d’Aquitaine quartier de Beaulieu à Châteauroux.

Vous pouvez également retrouver Morgan sur les réseaux sociaux, sous le pseudonyme d’Eskimo Tap Graff :

Son site internet – Son Instagram – Son Facebook